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  • La catastrophe dite “de Bandol“

    Un événement oublié - février 1871

    Cette dramatique page d'histoire locale a été transmise en 1992 au Docteur Suquet alors maire de Bandol, par Fernand Blanc, de l'Association des Amis du Vieux Toulon. Nous vous faisons parvenir le récit de cet évènement oublié tel que l'avait rapporté un certain Louis Baudouin dans les années 1950.

    Il y a quelques années, une information parue dans un grand quotidien régional apprenait au public qu'un wagon, appartenant à un train chargé de munitions, avait été sinistré lors de son passage à Fos-sur-Mer mais que, grâce à la vigilance et au dévouement des cheminots, tout accident de personne avait été évité, le wagon en question, ayant aussitôt été dirigé sur une voie de garage et isolé.

    Cet incident, sans grave conséquence, rappelle le souvenir d'un fait du même genre, mais infiniment plus considérable et plus dramatique qui se traduisit par une véritable catastrophe survenue il y a quatre-vingt-neuf ans dans la région toulonnaise. Nous en donnons la simple relation.

    On était en 1871, l'armistice de janvier venait de mettre fin aux combats et une grand tristesse régnait sur la population, engendrée par le douloureux épilogue de la funeste guerre que venait de perdre la France.

    Or, le 5 février, à sept heures quarante-cinq du matin, le train numéro 481 quittait Marseille à destination de Toulon. Le convoi contenait environ cinq cents voyageurs ; sur ce nombre, beaucoup de militaires de l'armée de l'Est rentrant dans leurs dépôts ou dans leurs foyers (1)Il s'agissait, sans doute, de militaires de cette armée appartenant aux corps ayant pu rejoindre les ligne françaises, car on sait que l'armée de l'Est en presque totalité, près de 80000 hommes fut contrainte de se réfugier en Suisse où elle fut internée. Par un concours inconcevable de circonstances, cette armée n'avait pas été comprise dans les clauses de l'armistice du 27 janvier 1871.
    L'auteur du présent article a recueilli d'un témoin oculaire le souvenir suivant : dans la salle d'attente de la gare de St-Nazaire, où des blessés avaient été déposés, un vieux sergent de zouaves, aux manches chargées de brisques et décoré de la Légion d'honneur ne pouvait admettre qu'il avait failli laisser la vie dans une pareille affaire, la campagne terminée.
    . En outre, quatre wagons, chargés de vingt mille kilos de poudre de guerre, avaient été attelés en queue de ce train pour y être détachés à Toulon.

    Ces wagons étaient placés sous la surveillance de deux gendarmes.

    Jusqu'à Bandol, la marche du convoi fut tout à fait normale. Après avoir quitté la station de cette dernière localité, où il avait marqué son arrêt, le train 481 roula bientôt dans la tranchée profonde où passe la voie ferrée, au sud de la Vernette ; lorsqu'il fut parvenu près du pont de Labeau, à trois kilomètres environ de la gare de Saint-Nazaire (aujourd'hui Sanary), une formidable détonation se fit entendre, répercutée par l'écho des collines et des montagnes prochaines.

    Les véhicules, chargés de poudre, avaient littéralement éclaté et le convoi presque tout entier, à l'exception de trois wagons, était détruit.

    Le bruit de l'explosion fut entendu, paraît-il, à plusieurs lieues à la ronde ; son effet fut terrible. Des maisons de campagne, situées à une certaine distance, s'effondrèrent, des arbres déchiquetés ; on nota, lors de l'enquête, que des rails avaient été lancés à plus de 150 mètres de distance et des débris de toitures projetés fort loin.

    Seule, la locomotive et son tender, restèrent sur la voie ; ils purent continuer leur route pour aller porter la navrante nouvelle et réclamer des secours, les communications télégraphiques ayant été interrompues.

    Les premiers secours furent apportés par des habitants des fermes voisines, où des blessés reçurent les premiers soins, et par le personnel de la Compagnie P.L.M. ; le premier médecin qui parvint sur les lieux du drame, fut a-t-on dit, le docteur Prosper Daniel de la Seyne qui attendait sa soeur habitant Bandol.

    Dès qu'il eut connaissance de l'épouvantable nouvelle, le docteur Daniel sella son cheval et partit immédiatement (2)Le docteur Prosper Daniel, décédé en 1908, appartenait à une des plus anciennes familles de Six-Fours et de la Seyne. Il était le neveu du docteur Clément Daniel qui fut, sous le Second Empire, médecin-chef de l'ancien hôpital de la Seyne, situé dans la rue qui porte son nom aujourd'hui ; le docteur Clément Daniel est mort en 1891..

    Une ambulance fut rapidement improvisée dans la chapelle de Notre-Dame-de-Consolation, dite des Pénitents Blancs, de Saint-Nazaire, tandis que les morts étaient transportés au village d'Ollioules. D'autres concours, officiels ou privés, des dévouements individuels, parvinrent ensuite des localités et des villes environnantes dont les autorités avaient été alertées.

    La municipalité de la Seyne envoya comme les communes des environs, tous les moyens dont elle put disposer et, de leur côté, les Chantiers de la Méditerranée fournirent des équipes d'ouvrier, avec du personnel d'encadrement et le matériel nécessaire pour aider au déblaiement de la voie ferrée.

    Quatre-vingts cadavres, mutilés pour la plupart, et plus de deux cents blessés, atteints plus ou moins grièvement, furent relevés par les sauveteurs. Le ballast et les talus étaient jonchés de débris, d'effets de toutes sortes ; le spectacle était attristant. Aucune trace ne fut constatée des corps des deux malheureux gendarmes qui avaient reçu la mission d'escorter les wagons contenant les récipients de poudre. Ils avaient été volatilisés.

    D'autre part, du fait de la destruction complète de ces véhicules, on ne put déterminer les causes exactes de la catastrophe, peut-être un échauffement fortuit des essieux insuffisamment graissés.

    Parmi les morts, on identifia deux Toulonnais, officiers de la Garde Nationale du Var : MM. Chahuet et Pélabon, ce dernier, fils du poète toulonnais et frère du peintre A. Pélabon, et, parmi les blessés, on cita le docteur Pellegrin qui fut, plus tard, conseiller municipal de Toulon. Une troupe d'artiste de théâtre qui venait donner une représentation sur la grande scène de Toulon fut cruellement décimée.

    Cette catastrophe, que l'on prit l'habitude de baptiser “de Bandol“ mais qui, en réalité, se déroula sur le territoire de la commune de Sanary, causa une véritable émotion et un réel élan de solidarité. Loin de chez nous, un notable de Marseille, M. Théodore Rodocanachi, s'entendit avec les Pères de Saint-Jean-de-Dieu afin d'ouvrir, à ses frais, dans leur établissement de Saint-Barthélémy, dans la banlieue de Marseille, une salle particulière où une quinzaine de soldats, malades ou blessés du jour tragique de Bandol, reçurent les soins empressés que leur état exigeait.

    Les obsèques émouvantes des victimes de la journée du 5 février eurent lieu à Toulon le 7 février 1871. Toutes les autorités, civiles, religieuses, maritimes et militaires y assistèrent ainsi que la Garde Nationale, en uniforme mais sans armes ; elles se déroulèrent au milieu d'un grand concours du peuple du port de guerre, des localités des environs et même, du Var et des Bouches-du-Rhône. Tous les magasins de la cité restèrent fermés pendant la durée de la triste cérémonie.

    Une tragédie de cette nature, due à une sorte de fatalité, ne s'est, Dieu merci, jamais renouvelée ; de nos jours, des mesures de sécurité précises et des règlements sévères en interdisent rigoureusement le retour.

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